De quoi est fabriquée notre singularité ?
Le singulier est ce qui assure chacun qu’il ne saurait se confondre à son semblable ; c’est ce qui le convainc d’être radicalement différent de son voisin, qu’il est lui et pas un autre, alors même qu’il ne saurait dire de quoi est fabriqué le réel de son être.
Est-il normal que je m’attache à mon psychanalyste ?
Qu’est-ce que le transfert ? Est-il normal que je m’attache à mon psychanalyste ? Tombe-t-on amoureux de son psychanalyste ?
Il est tout à fait normal de s’attacher et même de tomber amoureux du psychanalyste. La situation analytique est une situation particulière, en dehors du contexte social habituel. C’est une situation permettant d’accéder au plus intime de soi même et à sa vérité profonde. La personne analyste, détournée du champ du regard, puisque derrière le divan, va pouvoir être investie d’affects, d’affection, comme un proche, ou un parent de la petite enfance. L’analyse va pouvoir alors se dérouler.
Que penser d’un psychanalyste qui a des relations sexuelles avec une analysante ?
Les psychanalystes peuvent-ils, en tant qu’analystes, dire quelque chose du politique?
Dans Vienne fin de siècle, Carl Schorske écrit : « Freud ne prête aucune attention au fait qu’Œdipe était roi. Pour lui […] la quête d’Œdipe était morale et intellectuelle : échapper à son destin et parvenir à la connaissance de soi. Il n’en allait pas de même pour les Grecs. L’Œdipe roi de Sophocle ne peut se comprendre que comme une res publica (chose publique) dont le héros royal est poussé par un impératif politique : écarter la peste de Thèbes. […] En réduisant la politique à des catégories psychologiques personnelles, Freud rétablit l’ordre, au niveau personnel, mais il ne rétablit pas l’ordre public. »
Être psychanalyste dans un hôpital, est-ce possible?
Je parlerai au départ du lieu de ma pratique professionnelle : une unité d’hospitalisation psychiatrique qui accueille les expressions diverses et multiples de la psychopathologie d’aujourd’hui (dépressions sévères, accès psychotiques, assuétudes, etc.).
La psychanalyse est-elle dangereuse pour les enfants ?
Mon psychanalyste veut-il mon bien ?
J’ai rencontré la question sous des formulations diverses au cours de séances de psychanalyses. Avec pertinence. Les analysants ont bien des motifs de se poser cette question. Au mot bien est attaché des connotations différentes : le bien-être, l’argent, l’amour, … L’analyste me veut-il quelque chose, que me veut-il, veut-il mon argent, veut-il mon amour, me veut-il sexuellement, veut-il mon bien-être et pourquoi alors ? Entre autres. Ces questions concernent le désir et la jouissance de l’autre.
L’analyse n’est-elle pas réservée à une sorte d’élite intellectuelle ?
Ne faut-il pas être intelligent, avoir une réelle créativité, une certaine culture pour accéder à ce type de thérapie ? D’ailleurs lorsque qu’on lit des récits d’analyse, je note que les personnes interrogées sont toutes issues d’un milieu plutôt « intello » (journaliste, médecin, énarque, inspecteur des impôts…), peu de manœuvres, ouvrières d’usine ou de maçons !
La question présuppose que le genre d’activité qu’on peut s’attendre à pratiquer durant une analyse, serait d’ordre intellectuelle. Il est vrai que la lecture de la plupart des livres publiés par les psychanalystes, ouvrages en général relativement incompréhensibles, laisse penser qu’il en va de même pour les séances de psychanalyse, qu’y participer demande à tout le moins une capacité de compréhension hors du commun. Ce point de vue est tout à fait erroné, de même qu’il est faux d’affirmer que la patientèle des cabinets d’analyste se limite à une certaine catégorie sociale de la population (Je fais partie des ces analystes qui travaillent « en milieu rural », et j’accueille aussi bien des éleveurs que des enseignants, et, du point de vue psychanalytique en tous cas, ils ne sont pas mieux lotis les uns que les autres, ou pas moins capables de se confronter au processus analytique).
Qu’est-ce qu’un traumatisme ?
On peut imaginer que l’être humain a connu l’expérience du traumatisme dès le début de son apparition sur terre, que ce soit en réaction aux accidents, à l’expérience de la mort, aux phénomènes naturels effrayants, aux violences entre les hommes.
La psychanalyse est-elle compatible avec les traitements Méthadone ?
Quand tout s’écroule, la parole permet-elle de survivre?
Pour répondre à la question, je prendrai un détour en me référant à un témoignage; celui d’un homme confronté au déshonneur, à l’isolement extrême, à la souffrance physique et psychique cela, dans la durée et la répétition. Je pense qu’une telle expérience peut aider à penser ce qui permet à un homme de continuer à vivre quand tout s’écroule.
La psychanalyse, un “procédé médical” ?
« La psychanalyse est un procédé médical qui vise à la guérison de certaines
formes de nervosité (névroses) au moyen d’une technique psychologique »
Freud 1913 : Das Interesse an der Psychoanalyse, Scientia, 14 : 240-250 et
369-384. Trad Fr OCF PUF Tome XII, p 95-125 (p 99).