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Thérapies par le jeu vidéo
Il est souvent difficile d’être accepté comme un interlocuteur par un joueur excessif.
C’est alors qu’il peut s’avérer utile d’utiliser un jeu vidéo dans la durée de la séance. En clinique, l’utilisation d’un tel procédé s’appelle une « médiation thérapeutique ». La clé de son efficacité se trouve dans la forme particulière de transfert qu’elle mobilise : le fragment de partie joué pendant la séance prend peu à peu le statut d’espace potentiel, et cet espace est ensuite, au fil des rencontres et des échanges avec le thérapeute, déplacé vers la relation avec lui. Une vraie rencontre peut alors se nouer, qui permet de travailler dans la relation au thérapeute ce qui était jusque-là cantonné à une relation muette à l’écran.
Mais la tâche est ardue. Il faut comprendre chaque fois la place que joue la relation privilégiée à l’ordinateur comme moyen de tenter de guérir une relation perturbée au monde. Et les thérapeutes de joueurs excessifs ont aussi à éviter les poncifs de la mère « narcissique » ou « déprimée », qui aurait été incapable de constituer un miroir satisfaisant pour son enfant, le poussant ainsi à son engagement vers les miroirs d’écran. Car il faut cesser de culpabiliser les mères dans ce domaine comme dans d’autres ! Bien des événements interviennent dans cette première relation, dont la mère n’est pas responsable, à commencer par les prises en charge par les nourrices et les crèches, mais aussi les éventuels déménagements multiples souvent subis par les familles, voire les décès des proches. Les troubles de la petite enfance peuvent provenir de parents peu disponibles, mais aussi d’expériences personnelles tragiques auxquelles les parents ne pouvaient pas grand-chose, comme un deuil, voire d’événements qui leur ont totalement échappé, comme une maltraitance ou une humiliation causées par un tiers, voire même de catastrophes vécues par les générations précédentes qui ont porté leur ombre sur le développement de l’enfant. Dans tous les cas, le thérapeute doit réapprendre à ces prisonniers du virtuel le plaisir de l’engagement corporel et celui de la sublimation. Cela ne peut se faire qu’en les encourageant dans la création de leurs propres discours, de leurs propres images, de leurs propres mises en scène, et en y participant soi-même afin de leur rendre le goût de l’échange vivant.
Parents, encore un effort…
C’est bientôt le jour de l’an, et peut être allez vous offrir un livre de psy à un proche. C’est le moment de vous demander qui l’a écrit ! Nos enfants, eux, savent que leurs héros sont virtuels, et que cela ne les empêche pas d’exister. Lara Croft intervient sur les écrans, mais elle s’exhibe aussi sur les panneaux d’affichage comme une créature réelle et elle parle même parfois à la radio… Aujourd’hui, les héros ne sont plus nationaux ni même humanitaires, ils sont « multi supports ». Impossible d’être héroïsé si vous n’existez pas à la fois à la radio, à la télévision, par vos livres et en images, à commencer d’abord par celles des panneaux d’affichage qui sont un peu les écrans fixes de nos villes. Mais ces personnages qui s’affichent ainsi existent-ils vraiment ou sont-ils virtuels ? Les enfants semblent, sur ce point, et comme souvent dans ce domaine, plus avancés que leurs parents. Ils savent que leurs héros à eux sont virtuels. Les adultes feraient bien de s’en inspirer ! Cet acteur qu’ils voient toujours jeune et beau, ce présentateur célèbre qu’ils découvrent toujours affable, ou ce psychiatre médiatique qui se montre toujours à eux plein d’empathie et de bon sens, aucun d’entre eux n’existe ! C’est ça aussi le virtuel ! Et les jeux vidéo qui virtualisent les héros sont une bonne école pour le comprendre. Parents, encore un effort pour accepter que les personnalités médiatiques que vous admirez sont virtuelles ! Elles sont faites pour que vous rêviez sur elles, un peu comme les créatures des jeux vidéo auxquels jouent vos enfants. Eux ne perdent généralement pas le sens du réel devant leur console. Ne perdez pas non plus le sens du réel devant votre magazine ! Les personnages dont vous lisez les interviews, les livres et les confidences intimes n’existent pas réellement ! Ceux que vous voyez en photos leur prêtent leur corps, mais des journalistes divers prêtent leur plume à leurs écrits et à leurs interviews tandis que des photographes prêtent leur art à leur image médiatisée.
La passion dans l’amitié | Danièle Brun
Danièle Brun « La passion dans l’amitié », Editions Odile Jacob, 2005, 240 pages, 21 €.
On a souvent parlé de pansexualisme à propos de Freud, pour qui toute l’énigme de l’être humain tiendrait dans la libido et la sexualité infantile. L’amitié, ce vaste territoire aux contours un peu flous, apparaît à la fois fragile et menacée sous le regard de la théorie freudienne. Puisque de deux choses l’une : soit elle échappe totalement à la problématique de la sexualité, auquel cas elle n’intéresse pas du tout la psychanalyse ; soit elle se met, sans le savoir, au service des pulsions sexuelles, et elle prend alors le risque de disparaître au profit de la sexualité, qui règne en maîtresse sur l’inconscient.
Quand le virtuel rend visibles nos processus psychiques
Puisque c’est les fêtes, parlons encore de jeux. Quand on questionne les joueurs de jeux vidéo, on s’aperçoit qu’il existe chez chacun une expérience qu’on peut appeler fondatrice. C’est celle qui a déterminé leur entrée dans la passion du jeu, que celle-ci soit d’ailleurs durable ou de courte durée. Et il y a toujours un grand intérêt à la faire raconter au joueur.
Dans mon cas, cette expérience s’est passée, dans les années 1990, avec un simulateur de vol intitulé F14. Le joueur est à la place d’un pilote de chasse et peut voit l’espace environnant depuis son cockpit, mais il existe aussi une caméra satellite virtuelle qui montre l’avion et le paysage qu’il surplombe vus d’en haut. Ce jeu fut pour moi un véritable choc. Je me découvrais capable de créer d’un simple mouvement de doigts des images que personne n’avait vu avant moi et que personne ne verrait après. Evidemment c’est un peu la même chose si je gribouille sur une feuille de papier ! Mais là, ces images me paraissaient toujours avoir une forte valeur esthétique. En outre, je les découvrais autant que je les fabriquais ! Je déplaçais mes doigts sur le clavier un peu au hasard, et la caméra satellite virtuelle me faisait découvrir de nouveaux paysages dans lesquels j’avais l’impression de n’être pour rien, alors que c’est moi qui les avait générés. Quel plaisir ! Je redécouvrais, sans le savoir encore, la jubilation du jeune enfant qui fait aller sa main au hasard et découvre ensuite la forme qu’elle a laissée.
Le choc fut si intense que je décrochai aussitôt mon téléphone pour en parler à mon frère. Le mathématicien qu’il était ne fut pas ému outre mesure. J’avoue que j’en étais un peu déçu, mais ce moment-là aussi fut riche d’enseignement. Je découvrais à la fois le désir très vif de tout joueur de faire partager ses enthousiasmes…, et la difficulté où sont ceux qui ne jouent pas de comprendre cette urgence. Ce qui était pour moi un éblouissement n’était pour lui que le résultat logique d’un ensemble de paramètres mathématiques. Je n’en démordais pourtant pas : je voyais des images que personne n’avait vues avant moi et que personne ne verrait après ! Être têtu est parfois utile. J’ai compris depuis pourquoi cette possibilité m’avait fasciné : elle figurait la possibilité de tourner autour d’un objet psychique en le découvrant à chaque fois sous un jour différents. Les jeux vidéo ne nous permettent pas seulement de créer des personnages proches des figures que nous portons en nous, mais aussi de nous donner des représentations de nos processus de pensée.
Ce que je dis à un psychanalyste, reste-t-il confidentiel ?
Cette question touche un point d’éthique qui fonde ma pratique, la pratique de la psychanalyse. Car, y a-t-il aujourd’hui d’autres lieux où se garantit la confidentialité de la parole énoncée ? Dans nos sociétés modernes, où le phantasme de transparence rejoint la pratique de l’évaluation statistique, même le secret médical est contesté, et on y parle de la nécessité d’un « secret partagé » avec les services sociaux.
Les créatures virtuelles ne s’effondrent jamais
De toutes les angoisses dont les nouvelles technologies prétendent nous soulager, celles de l’abandon et de la solitude sont incontestablement les principales. Nous les avons tous vécues précocement, et nombreux sont ceux chez lesquels elles ont été réveillées par des expériences traumatiques précoces comme des séparations inopinées ou des deuils.
Mais, chez certains d’entre nous, cette inquiétude a une dimension supplémentaire. Il ne s’agit pas seulement de l’angoisse de se retrouver seul, mais de celle de « s’effondrer », c’est-à-dire d’être littéralement annihilé par la séparation.
Le psychanalyste anglais Winnicott nous a donné la clé de cette situation. Pour lui, cette crainte est la trace, projetée sur l’avenir, d’un effondrement qui a déjà eu lieu et a provoqué une « agonie primitive » (1) . Si celui à qui cela est arrivé le redoute autant, c’est parce qu’il ne s’en souvient pas. Et s’il ne s’en souvient pas, c’est parce que l’événement est advenu à un moment où sa personnalité n’était pas encore suffisamment constituée pour réaliser ce qui lui arrivait. La rencontre entre l’événement et le sujet ne s’est pas produite parce que le sujet n’était pas au rendez-vous.
Les jeux vidéo dans lesquels le joueur intervient avec un avatar constituent à mon avis un territoire privilégié où ceux qui ont vécu cette angoisse tentent de s’en guérir. Car l’avatar ne s’effondre jamais ! Il est, du coup, le plus sûr moyen de nous protéger contre la perception de cette angoisse.
La prise en charge des joueurs excessifs doit tenir compte de l’existence de ces situations. Lorsqu’il pense y avoir affaire, le thérapeute doit informer le patient sur deux choses. Tout d’abord, l’agonie primitive a déjà eu lieu, et ensuite le patient y a survécu. La crainte qui mine sa vie est donc doublement inutile : d’abord, parce que l’événement est passé – la menace n’est pas actuelle – et ensuite parce qu’il a été capable d’y survivre avec des moyens psychiques bien loin d’être aussi efficaces que ceux qu’il a mis en place depuis en devenant adulte.
(1) Winnicott, D.W. (1974), « La crainte de l’effondrement », Nouvelle Revue de Psychanalyse, Gallimard, 1975, pp 35-44.
Dans le cœur des hommes | Serge Hefez
Dans le cœur des hommes – Serge Hefez – Editions Hachette Littérature 305 p – 19€
Dans son ouvrage « La confusion des sexes » (Flammarion, Café Voltaire), le psychanalyste Michel Schneider constatait, pour le regretter, « un effacement de la différence entre hommes et femmes et une perte de l’attrait pour le sexe chez les jeunes générations », le premier phénomène hautement responsable, selon lui, du second. Une désexualisation essentiellement masculine avec, à grand renfort d’une publicité « massivement infantophile », une tendance à promouvoir la douceur chez un homme qui serait de nos jours apparemment condamné pour sa virilité.
Qu’est-ce que l’inconscient ?
On pourrait vous dire que l’inconscient est un réceptacle où se déposent tout ce qui nous dérange, tout ce que nous ne voulons pas voir, ni entendre… En un mot : tout ce qui est insupportable.
Vu du divan | Une séance “bien sanglante”
Signe des temps : analysants, psychiatres, analystes en formation tiennent leur blog. Ainsi en va-t-il d’Ardalia qui nous prête ce billet, Une séance "bien sanglante", posté le 29 novembre 2007 sur son blog Bulle de papier.
Quand je sors dans la rue, un peu sonnée, aujourd’hui, une épaule crispée, les tripes à peine remises en place, mais encore fumantes et pas bien calées, j’estime en général si la séance a été "sanglante".
C’est mon mot, "sanglante", je pourrai dire "cuisante" aussi. Pourtant, il n’y a pas de sang, pas de punition, au contraire, il y a du soin. Mais du soin qui se fait dans les larmes. Le soin, c’est vider le pus, vider les haines honteuses, les désirs interdits, les espoirs déchirés. Le soin, c’est regarder le plus noir de soi, raconter les conditions d’émergence de cette noirceur, pourquoi elle a fleuri et comprendre pourquoi elle a été refoulée.
Virtuel : les nouveaux revenants
Au Moyen Âge, beaucoup de personnes prétendirent « voir » des revenants « avec leurs yeux » de la même façon qu’ils voyaient leurs proches vivants. Cette conviction était totalement inacceptable pour l’Église catholique pour laquelle il n’y a de réincarnation des morts que le jour du jugement dernier. Comment concilier alors le dogme avec l’expérience racontée par tant de fidèles d’avoir vu, « de leurs yeux vus », des revenants ?
L’ingéniosité fut à la hauteur du problème posé. Les théologiens déclarèrent que les revenants existaient bien, mais qu’ils ne pouvaient pas être vus avec les yeux de chair au même titre que les vivants puisqu’ils n’existaient pas dans un corps réel. Ils étaient donc vus – car cela, on ne pouvait pas le contester – avec les yeux de l’âme. Autrement dit, les revenants n’étaient ni des images du monde du dedans confondues avec la réalité – ce que nous appellerions aujourd’hui des hallucinations –, ni des images formées dans la conscience à partir de la perception d’un objet simplement visible. Il y fallait la médiation d’une machine dont le Moyen Âge a fait grand cas : l’âme.
Aujourd’hui, nous ne croyons plus guère que les disparus sortent des cimetières dans leur habit du dimanche, mais nous ne sommes pas choqués de les rencontrer dans ces territoires de nulle part que sont les espaces virtuels. Et la comparaison avec les revenants du Moyen Âge ne s’arrête pas là. Dans les deux cas, nous désirons les voir, mais dans les deux cas aussi, cette vision nous trouble autantqu’elle nous satisfait. J’imagine que c’est parce que, dans les deux cas, nous ne savons pas très bien quelle part nous avons pris à cette présence. Les voyons-nous parce qu’ils sont « devant nous » – tout au moins leur effigie – ou parce qu’ils sont « en nous » ? Cette grand-mère si chère qui me manque tant, cet aïeul qui semblait occuper si souvent les pensées de l’un de mes parents, sont-ils soudain devant moi parce que mon ordinateur aurait le pouvoir de les convoquer, ou bien est-ce une illusion de mon désir ? La réponse rationnelle est évidemment la seconde, mais les mondes virtuels ont-ils été inventés pour engendrer du rationnel ?