Les psychanalystes peuvent-ils, en tant qu’analystes, dire quelque chose du politique?

Dans Vienne fin de siècle, Carl Schorske écrit : « Freud ne prête aucune attention au fait qu’Œdipe était roi. Pour lui […] la quête d’Œdipe était morale et intellectuelle : échapper à son destin et parvenir à la connaissance de soi. Il n’en allait pas de même pour les Grecs. L’Œdipe roi de Sophocle ne peut se comprendre que comme une res publica (chose publique) dont le héros royal est poussé par un impératif politique : écarter la peste de Thèbes. […] En réduisant la politique à des catégories psychologiques personnelles, Freud rétablit l’ordre, au niveau personnel, mais il ne rétablit pas l’ordre public. »

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La psychanalyse est-elle une science ?

La psychanalyse n’est pas une science ! Cette affirmation revient souvent car elle est l’argument dont se servent ceux qui veulent la dévaloriser, insinuant ainsi qu’elle ne serait fiable ni pour mieux comprendre le monde qui nous entoure, ni pour accroître notre culture ni -et surtout- comme thérapeutique.

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Que penser de la dépression ?

« Je me sens dépressif, je n’ai plus envie de rien ». Cette phrase prononcée en consultation est presque aussi courante que celle qui évoque le « stress ». À découvrir les chiffres du suicide, aboutissement tragique d’une dépression aggravée, on apprend que la France se situe depuis les années 1975 « dans le peloton de tête avec une augmentation continue ». Et qu’elle dénombre en l’an 2000, « 11 000 décès par an, soit plus d’un suicide à l’heure ».*

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Est-il normal que je m’attache à mon psychanalyste ?

Qu’est-ce que le transfert ? Est-il normal que je m’attache à mon psychanalyste ? Tombe-t-on amoureux de son psychanalyste ?

Il est tout à fait normal de s’attacher et même de tomber amoureux du psychanalyste. La situation analytique est une situation particulière, en dehors du contexte social habituel. C’est une situation permettant d’accéder au plus intime de soi même et à sa vérité profonde. La personne analyste, détournée du champ du regard, puisque derrière le divan, va pouvoir être investie d’affects, d’affection, comme un proche, ou un parent de la petite enfance. L’analyse va pouvoir alors se dérouler.

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La psychanalyse marche-t-elle hors occident ?

Les peuples « traditionnels », dont le Maroc où j’écris ces lignes, disposaient d’un système explicatif des troubles et souffrances psychiques et d’une batterie de « traitements » en rapport avec la manière ancestrale de comprendre les perturbations mentales et affectives. La folie était recyclée dans la société traditionnelle grâce à ces systèmes de soins adéquats à une période historique aujourd’hui révolue : devins, voyantes, exorcistes sont les tradithérapeutes ou tradipraticiens. Tombeaux de saints et marabouts sont les lieux où certains personnages défunts sont considérés comme ayant le don de guérir et spécifiquement le trouble psychique, par exemple, Bouya Omar, au sud du Maroc, non loin de Marrakech.

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Comment choisir son psychanalyste ?

Quand, en raison de la souffrance psychique qu’elle éprouve, une personne se résout à entreprendre un traitement psychanalytique, la question se pose pour elle de savoir vers qui se tourner. Cette décision importante peut avoir des conséquences sur l’existence dans son ensemble et il est donc nécessaire d’y consacrer une grande attention. Le choix du psychanalyste doit s’effectuer en fonction de deux critères : d’une part sa compétence professionnelle ; d’autre part sa compatibilité avec le futur patient.

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Le psychanalyste est-il pour ou contre le mariage des homosexuels ? Pour ou contre l’adoption par des homosexuels ?

Ni pour ni contre. Mais le psychanalyste peut éclairer la réflexion. Il peut aider à comprendre l’essentiel : ces requêtes ne correspondent pas à une simple extension des pratiques à des destinataires qui en seraient lésés. Elles correspondraient à une modification de ces pratiques. Du coup s’impose de réfléchir l’incidence qu’aurait cette modification sur l’enfant, non seulement sur l’enfant concerné, mais sur tous les enfants. Car ce qu’une loi énoncera quant au principe du lien d’un enfant avec ses parents, cela vaudra pour tous.

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Sans illusions

Contexte:  Ce texte a été écrit alors que Beyrouth était bombardé depuis plusieurs jours (Nde)

 
 Les illusions nous rendent le service de nous épargner des sentiments pénibles
et de nous permettre d’éprouver à leur place des sentiments de satisfaction.
Sigmund Freud

Cette guerre qui se déroule en Palestine et au Liban se distingue par l’innommable déchaînement de violence, par le nombre considérable de victimes et de déplacés, le déluge de bombes, le volume des destructions, le cynisme coupable des puissances mondiales ayant le pouvoir d’y mettre un terme mais qui utilisent des euphémismes insultants pour notre intelligence dans le but de permettre la poursuite de cette folie meurtrière.

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Quel sort réserver aux agresseurs sexuels ?

Cet article, paru le 5 juillet 2006 dans Le Soir, doit être replacé dans le contexte de l’émois provoqué par le meurtre de deux fillettes dans la région liégeoise (Belgique).

À l’heure où l’agresseur sexuel revient sur le devant de la scène, des voix discordantes s’élèvent pour s’interroger sur le sort à lui réserver, ou pour proposer des solutions radicales — quelquefois hautement toxiques pour la démocratie.

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Les enfants face au meurtre de Nathalie et Stacy

Paru dans La Libre, le 30 juin 2006

Dans les situations dramatiques telles que nous les vivons pour le moment, les adultes se demandent entre autre comment les enfants vont-ils réagir. Resteront-ils silencieux ? Poseront-ils pleins de questions ? Feront-ils des cauchemars ? Présenteront-ils des angoisses ? Seront-ils surexcités ?… Et quelle peut être la «bonne» attitude des adultes, des enseignants, des éducateurs ? …

 

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Renaissance de l’ordre moral

Un phénomène préoccupant, apparu en France depuis quelques années, vient de connaître un nouveau développement avec la surprenante décision d’un administrateur de la Comédie Française concernant la programmation d’une mise en scène d’une pièce de Peter Handke, Voyage au pays sonore, ou l’art de la question.

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Psychanalyse et écriture

J’ai commencé à écrire alors que j’avais entamé une analyse depuis quelques années, déjà. C’est donc l’analyse qui a été première, c’est-à-dire qu’il m’aura « fallu » en passer par elle (et par d’autres choses que je n’évoque pas ici) pour accéder à l’écriture. C’est indémontrable, je ne pourrais (ni ne voudrais) expliquer ce lien, mais je sais qu’il en est allé ainsi, dans mon histoire. (C’est pourquoi, écrire n’est aucunement pour moi une thérapie !) 

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Deux affirmations font une nation : le passage de la horde

Le 14 février 2005, Rafic Hariri, ancien premier ministre libanais, meurt, à Beyrouth, dans un attentat d’une extrême violence. Aussitôt la nouvelle connue, une manifestation spontanée réunit des milliers de citoyens libanais venus crier leur douleur et réclamer justice. Puis, chaque soir, des libanais de toutes confessions, de toutes tendances politiques, se retrouvent fraternellement en une sorte de veillée funèbre autour de sa tombe.

Ce sont les retrouvailles de cette large fratrie autour du meurtre du père qui paraît à Chawki Azouri porter les prémisses de la fondation d’une société libanaise démocratique. (07-06-06 – D.S.)
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La violence a cent visages

Le meurtre de Joe en pleine gare centrale pour obtenir un MP3, l’agression d’un professeur par son élève, et l’assassinat dans la rue d’une femme malienne et de l’enfant qui l’accompagne dans une ville où le discours raciste est fréquent… ces événements* seraient-ils liés ? Le point commun que chacun identifiera aisément : la violence y a été mise en acte, et qui d’un peu raisonnable pour ne pas la fustiger. Mais, en dehors de ce trait commun, rien ne permet à première vue de nouer la montée de l’extrémisme et du racisme avec le passage à l’acte d’un délinquant ou avec les problèmes spécifiques de l’enseignement aujourd’hui. Mais est-ce si sûr ?

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Ma vie textuelle

Paru dans Libération le 04  mai 2006

Lorsque j’ouvre un texte, son sens s’offre à moi avec évidence. Mais en suivant la trame qui m’est proposée, je bute parfois sur des obstacles ou des éléments qui invalident ma compréhension préalable. Comme si, d’un coup d’énigme, la bouche du texte se refermait sur sa propre parole. Face à ce blocage de compréhension, mon seul recours est de deviner les mots de l’énigme en interrogeant tout ce que je trouve. L’oeuvre devient un vaste champ d’associations internes. Je tente de relier événements, personnages, mots, idées et procédés langagiers à partir d’une énigme particulière : pourquoi, par exemple, Hamlet est-il incapable de tuer l’assassin de son père ? Le texte se mue alors en un ouvrage de référence sur lui-même. Fort de ce parti pris qui confère à l’oeuvre un pouvoir d’éclaircissement, je fais l’hypothèse que l’obstacle veut exprimer ce qui en lui se réserve et qui retient la lecture. En un mot, le texte rés! iste et ce sont ces résistances que je m’emploie à analyser.

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L’ivre noir, réflexions d’un clinicien

Paru dans Le Monde, le 4 mai 2006 

Ah ! quelle joie, quelle jubilation de lire Le Livre noir de la psychanalyse (Les Arènes), puis quelques mois plus tard Pourquoi tant de haine (Navarin) et L’Anti-livre noir de la psychanalyse (Seuil) ! Enfin le combat a lieu, enfin ils s’affrontent – à ma grande satisfaction, pour mon grand bonheur. Quel plaisir d’assister à un conflit idéologique, de peser les arguments de chacun, y compris ceux d’une mauvaise foi exemplaire ! Ils se haïssent, se détestent, s’invectivent, se méprisent mais à tout le moins ils se répondent ! Les différences conceptuelles, philosophiques, épistémologiques, voire politiques, éclosent comme des bourgeons de printemps. Ils livrent bataille en place publique. Grand Dieu que c’est bon !

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“Le projet Nim”, ou les errances de la science

Connaissez-vous l’histoire du chimpanzé qui fut élevé comme un être humain, perdit sa place chez les animaux et ne la trouva jamais chez les hommes ? Ce n’est pas une fable de La Fontaine, mais une expérience menée aux Etats-Unis entre 1973 et le début des années 1980. Une expérience qui se voulut rigoureuse, mais qui se solda par un immense gâchis, et que nous raconte un film documentaire de James Marsh .

La « Dizaine pour apprivoiser les écrans », c’est aussi « Dix jours pour réapprendre à vivre ensemble »

Les jeux vidéo de guerre manquent de réalisme !

La dégradation du AAA et la dynamique de la honte

La façon dont les agences de notation dégradent la note des pays déclarés en mauvaise gestion m’évoque irrésistiblement les étapes par lesquelles passe une personnalité blessée, depuis la forme mineure de honte qui n’implique qu’une perte de l’estime de soi jusqu’à l’enfer de l’exclusion, en passant par le purgatoire de la culpabilité.

Rêvasser, rêver ou imaginer … avec un jeu vidéo

Sur Internet, chacun fait son marketing