Et la psychanalyse pour des personnes atteintes de troubles psychotiques?

La psychanalyse peut-elle quelque chose pour aider des personnes atteintes de troubles psychotiques?

Les traitements psychanalytiques des personnes présentant des troubles psychotiques a fortement évolué ces dernières années. Il faut tout d’abord rappeler qu’ils existent depuis le début du XXe siècle, avec quatre caractéristiques principales:

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La psychanalyse: pratique clinique ou conception de l’homme et de la société ?

La psychanalyse est-elle d’abord une pratique clinique ou une conception de l’homme et de la société ?
Depuis son invention la psychanalyse est intéressée par les questions de société. Même les détracteurs de Freud le reconnaissent implicitement, qui encore de nos jours lui reprochent d’avoir inventé ses théories à partir des préoccupations des bourgeois du XIXème siècle et qui ne seraient par conséquent plus valables pour notre société postmoderne.
 
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La psychanalyse est-elle dangereuse pour les enfants ?

« La psychanalyse est-elle dangereuse pour les enfants ? » se demandent certains. Personne ne souhaite qu’un enfant fasse une mauvaise rencontre, la question est donc bien légitime. D’où l’importance de mieux comprendre ce qu’un analyste fait avec un enfant, parfois très jeune. Le couche-t-il sur un divan ? Mais non bien sûr !
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Être psychanalyste dans un hôpital, est-ce possible?

En pratiquant ni le simplisme, ni l’obscurantisme, la clinique psychanalytique, qu’est que c’est ?

Je parlerai au départ du lieu de ma pratique professionnelle : une unité d’hospitalisation psychiatrique qui accueille les expressions diverses et multiples de la psychopathologie d’aujourd’hui (dépressions sévères, accès psychotiques, assuétudes, etc.).

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L’arbre de la création et la forêt de la résilience

Je suis tombé par hasard cet été sur un article évoquant la résilience des stars, et j’y ai retrouvé la légende dorée qui fait le succès de ce mot depuis dix ans : elle y était présentée comme la façon de surmonter un traumatisme par la création. Ma réserve ne porte pas sur le fait que cela existe – bien que ce soit beaucoup plus rare que ce que les médias tendraient à nous le faire croire -, mais sur la place exclusive donnée à ce mécanisme, comme si « surmonter un traumatisme par la création » excluait d’utiliser, parallèlement, d’autres moyens… moins valorisés.

En fait, la reconstruction d’une personnalité gravement endommagée par un traumatisme évoque plutôt un épais maquis d’espèces végétales différentes qu’un arbre unique portant des créations magnifiques. Car sur le territoire psychique dévasté du traumatisme, il ne pousse pas une seule catégorie de plantes, mais plusieurs, un peu comme après un incendie de forêt, la végétation se reconstitue dans un enchevêtrement de pousses concurrentes et complémentaires. Nous pouvons en distinguer au moins cinq formes. La première passe par la mise en place de comportements sexuels dits « pervers » – comme le sado-masochisme – qui sont une façon de tenter de réinvestir érotiquement le scénario du traumatisme. Une seconde variété de reconstruction après un traumatisme consiste dans une vie en tous points normale, mais entrecoupée de comportements étranges et imprévisibles qui envahissent régulièrement le sujet traumatisé et qui peuvent gravement perturber son entourage. Dans ces moments, il mélange le passé et le présent et rejoue à son insu les comportements et les paroles vécus au moment du traumatisme. Une troisième forme de reprise de la vie psychique après une catastrophe consiste en une large palette de comportements destructeurs par lesquels celui qui s’est un jour approché de la mort flirte maintenant avec elle, qu’il s’agisse de celle d’autrui (c’est ce que certains appellent la perversion morale) ou de la sienne propre (notamment dans les diverses formes de toxicomanie). Une quatrième forme de reconstruction de soi consiste dans l’amour de son traumatisme, bien connu des professionnels du soin : le sujet traumatisé se plaint sans cesse, mais ne veut surtout pas guérir car rien ne peut, à ses yeux, remplacer l’intensité de ce qu’il a un jour éprouvé. Enfin, la création est la cinquième manière par laquelle un sujet traumatisé peut se reconstruire. Elle est encore une forme d’amour du traumatisme puisque le créateur rouvre sans cesse ses plaies pour en nourrir son œuvre, mais, à la différence de la précédente qui provoque le repliement sur soi, celle-ci ouvre aux autres et favorise la création de liens.

Ces diverses attitudes coexistent le plus souvent entre elles[1], c’est pourquoi les personnalités qui ont surmonté un traumatisme dans la création sont si souvent difficiles à vivre, et portées à des épisodes de violence et/ou d’autodestruction. Ce n’est pas parce qu’elles ne seraient pas suffisamment « résilientes », c’est parce que la perversion, le sadisme et la violence font aussi partie des processus habituels de reconstruction après un traumatisme. On peut rêver que ce ne soit jamais le cas, mais les faits sont têtus…

[1] Pour des exemples de telles coexistences, voir Tisseron S., La Résilience, PUF, Que sais-je, 2007.

Pétition contre les bébés téléphages : l’alliance continue !

« On n’avait jamais vu un tel consensus ! ». Tels sont les mots par lesquels un fonctionnaire du Ministère de la Santé m’a salué hier dans un couloir. Il voulait bien entendu parler de l’unanimité des experts consultés sur les dangers des chaînes de télévision dédiées aux bébés. Mais ce consensus ne doit pas faire illusion. Les uns et les autres ont pu avoir des raisons bien différentes de condamner la télé pour les bébés. Ceux qui rêvent de voir les écrans disparaître des maisons ont joint leurs voix à ceux qui tentent de responsabiliser les familles et les pédagogues à l’importance d’une éducation aux images et aux dangers d’une télévision « pour enfants » réduite à des dispositifs publicitaires. Bref, d’un côté, ceux du : « Stop aux écrans ! », et de l’autre ceux du : « Pour bien regarder la télé, ne commençons surtout pas trop tôt, en tous cas pas avant trois ans ! ». Mais ne nous y trompons pas. Si ceux qui ont vu dans cette pétition une occasion de dénoncer les méfaits des écrans ont rejoint ceux qui réfléchissent plus globalement sur les atteintes à la dignité humaine, c’est bien de ce second côté que se situe l’enjeu, comme l’a montré la mobilisation massive du CIEM* qui s’emploie à dénoncer les violences médiatiques sous toutes leurs formes et appelle à une éducation aux médias pour tous.

La lutte continue, disions nous dans notre dernier blog. Elle change aussi. Cette pétition a montré que les professionnels ont un poids social considérable à condition de sortir de leur cabinet pour descendre dans cette nouvelle forme d’espace public qu’est l’Internet. Ils alertent, mais n’ont pas à eux seuls le pouvoir de faire bouger : il y faut l’alliance avec les associations de parents et d’usagers. Seule celle ci peut en effet faire contre poids aux groupes de pression économico-médiatiques dont nous oublions facilement le pouvoir aussitôt que nous cessons de nous opposer à eux… de telle façon que nous nous sentons libres pour autant que nous renonçons à faire usage de notre liberté. La lutte continue ? Il serait plus juste de dire : « L’alliance continue », entre professionnels, usagers et parents qui désirent apprendre, ensemble, à voir autrement… et pas seulement les écrans !

 

* Le « Collectif Inter associatif Enfance et Média », créé en 2001, regroupe les associations nationales familiales d’éducation populaire, de parents d’élèves, de syndicats d’enseignants, et des chercheurs sur les médias et l’enfance.

Félicitations à tous les signataires de la pétition contre la télé pour les bébés !

Vous doutez de l’efficacité des pétitions ? Alors, ceci va vous faire changer d’avis : celle que j’ai lancée le 18 octobre pour alerter sur les dangers de la télé pour les bébés n’a pas seulement reçu le soutien de près de 30 000 usagers et de pratiquement la quasi totalité des associations de professionnels de la petite enfance, elle a aussi permis d’alerter le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et le Ministère de la Santé français. Les distributeurs sont maintenant obligés de porter à la connaissance de leurs abonnés le message d’avertissement suivant : « Ceci est un message du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et du Ministère de la Santé : regarder la télévision peut freiner le développement des enfants de moins de trois ans, même lorsqu’il s’agit de chaînes qui s’adressent spécifiquement à eux ». De la même manière, tous les supports de communication hors écran (tels que journaux des abonnés, Internet, etc.) doivent comporter cet avertissement : « Regarder la télévision, y compris les chaînes présentées comme spécifiquement conçues pour les enfants de moins de trois ans, peut entraîner chez ces derniers des troubles du développement tels que passivité, retard de langage, agitation, troubles du sommeil, troubles de la concentration et dépendance aux écrans. »

Mais comment cette pétition a-t-elle pu aboutir à ce résultat… finalement assez inespéré ? C’est que nous avons pris le problème suffisamment tôt pour éviter qu’un lobby se constitue autour de la télé pour les bébés. Il n’existait à cette époque en France que deux chaînes qui leur étaient dédiées (Baby TV et Baby First) et elles émettaient du territoire anglais. Quelques mois de plus sans réagir et il est probable que les chaînes de télévision pour enfants basées en France auraient lancé leurs propres programmes destinés aux tout-petits. Car c’est un gigantesque et très lucratif marché de produits dérivés qui est ouvert par ce type d’écran… Du coup, nous n’aurions plus eu affaire seulement à deux chaînes émettant d’Angleterre, mais à un puissant lobby installé sur le sol français !

Il nous faut maintenant porter le problème au niveau de l’Europe pour que d’autres pays soient incités à mettre en place la même mise en garde. La lutte continue…

« Le premier commandement » de Joseph Conrad | André Green.

 

Joseph Conrad : le premier commandement par André Green (Editions In Press)

Lorsqu’on sait que Sigmund Freud tenait la plupart des écrivains – et leurs capacités de mettre en récit leur introspection – pour des précurseurs géniaux de la psychanalyse, vouloir « analyser » une œuvre de Joseph Conrad, l’un des plus célèbres mais aussi des plus complexes écrivains anglais d’origine polonaise, relève donc d’une forme de défi. « Les livres disent mieux que toute autre chose, le destin des objets dans l’inconscient » explique en forme de justification le célèbre psychanalyste André Green. Ce dernier ne dissimule toutefois pas les difficultés d’une telle entreprise dès l’introduction de son opuscule sur « Joseph Conrad : Le premier commandement ». Un ouvrage dont il admet que le titre initial « La ligne d’ombre » était évidemment de nature à interroger le « désir » de l’analyste et à même de comporter une invitation à l’association libre. Et de spéculer sur plusieurs hypothèses, quitte à découvrir dans la lecture des œuvres de celui qui « rejetait le qualificatif d’écrivain de la mer », leur confirmation à travers les résonances d’affects. Un thème dont le psychanalyste est l’inconditionnel défenseur parmi les multiples découvertes freudiennes.

Petite étude monographique : « Pervert », un tableau de Cyrus Pahlavi

Lorsque la psychanalyse se prend d’un intérêt pour une œuvre d’art, la première question qui vient logiquement à l’esprit concerne la légitimité de cette démarche, et probablement son audace, laquelle consiste à prendre pour cible ou pour objet un élément d’un domaine qui lui est a priori totalement étranger. Point d’impérialisme analytique. Toute production artistique procède, nolens volens, d’une opération où intervient la dimension psychique, souvent inconsciente, de l’auteur. Le père de la psychanalyse entretenait, on le sait, une préférence pour la sculpture qu’il assimilait à l’introspection psychanalytique à travers le per via di levare, le fait d’ôter le trop plein de la matière brute pour faire apparaître le corps du sujet et le laisser advenir dans son authenticité. La peinture correspondait davantage, selon lui, au per via di porre qui ajoute au lieu de retrancher et décrit un mode d’intervention suggestive dans la relation thérapeutique.

De femmes en femmes

Une femme qui dort seule dort avec le diable…(proverbe abyssin cité par E.Jones)

Une femme, des femmes, la Femme…Marie Chantal la peint inexorablement, inlassablement. Comme un éternel retour, une expression compulsive, une force impossible à maîtriser. On ne sait plus très bien qui de l’artiste ou de la femme devient la chose de l’autre, qui, de la toile ou de l’observateur, se plaît à jouir de la possession de l’autre.

Possédée, Marie Chantal l’est certainement. Il suffit pour s’en convaincre de balayer son regard sur la trentaine de portraits de femmes, toutes plus fatales, plus castratrices, plus félines les unes que les autres. Cette sensualité portée à son paroxysme les rend à la fois effrayantes et excitantes. Qui se prive de souffrance ne peut accéder à la jouissance. Un rêve ou un cauchemar selon le désir de l’autre, de celui ou de celle qui se laisse prendre dans leurs rets.

Le siècle de Freud | Eli Zaretsky

Le siècle de Freud », par Eli Zaretsky ( Editions Albin Michel, 2008). 
 
Toute révolution, c’est bien connu, finit par manger ses enfants. « La psychanalyse a contribué à précipiter un changement dans l’esprit du capitalisme qui met maintenant en danger la psychanalyse ». En quelque sorte, la psychologie des profondeurs inventée par Freud aurait elle-même constitué son propre fossoyeur. Tel est le stimulant paradoxe sur lequel l’universitaire américain Eli Zaretsky construit l’essentiel de son ouvrage « Le siècle de Freud, une histoire sociale et culturelle de la psychanalyse ». Celle-ci tiendrait sa prospérité d’être née avec les transformations qui agitaient le XIXème siècle. Transformations articulées sur la « défamilialisation » où la discipline telle qu’elle s’exerce dans la famille bourgeoise cède le pas à la consommation assimilée par l’auteur à un acte consacrant sa différence personnelle et son accession à l’autonomie. Celle là même que procure le passage réussi sur un divan. 

Jeux vidéo : parents, impliquez-vous !

Beaucoup de parents aimeraient que les pouvoirs publics – et des experts remboursés par la sécurité sociale ! – règlent à leur place les dérèglements et les errances provoquées chez leurs rejetons par les nouvelles fascinations technologiques. Mais ce choix, confortable à court terme, s’avèrerait catastrophique à long terme. Il équivaudrait à déléguer encore un peu plus à la puissance publique le contrôle des enfants en médicalisant complètement l’adolescence. Il n’y a pas d’autre remède à ce risque que le fait, pour les parents, d’assumer pleinement leurs responsabilités éducatives et d’affirmer le goût de l’être ensemble, du lien concret et de l’interaction vivante.

Parents, impliquez-vous ! Ne vous contentez pas du système de classification. Trouver des sites exposant le contenu des jeux avant de les louer ou de les acheter. Cela vous permettra d’argumenter votre position éducative par rapport à eux. Et surtout, demandez à vos enfants de vous montrer ce qu’ils font dans ces jeux, et de vous l’expliquer. Vous découvrirez leur capacité à savoir prendre du recul par rapport aux images et à les manipuler pour se construire. Acceptez que la socialisation familiale emprunte parfois le chemin inverse de celui qu’elle suivait traditionnellement. Vos enfants sont aujourd’hui des experts dont vous ne devez pas sous estimer les compétences.

Et sachez que si vous empruntez cette voie, vous serez largement récompensés. En effet, plus vos enfants auront pris goût précocement à vous communiquer ce qu’ils découvrent, plus ils le feront longtemps et plus votre relation à eux en sera enrichie. Et vous trouverez au passage l’occasion de mieux connaître les nouvelles technologies et de mieux les comprendre.

Jeux vidéo : cadrer et accompagner

On parle beaucoup de cadres et de limites au sujet de la consommation de jeux vidéo par les enfants. Mais que signifie « cadrer » ? En pratique, trois choses.

C’est d’abord apprendre à raisonner en terme de « temps d’écran » : chaque année, les parents doivent fixer avec leur enfant la durée dont il peut disposer, tous écrans confondus, compte tenu de son âge et des pratiques familiales (ce temps d’écran ne peut évidemment pas être le même dans une famille où les parents travaillent en ligne à domicile et dans une autre où ils ne regardent jamais ni télévision, ni ordinateur). Cadrer, c’est ensuite fixer, dès que l’enfant est en âge d’aller sur Internet, des horaires au-delà desquels l’accès à celui-ci est interrompu, afin d’éviter qu’un préadolescent ou un adolescent ne s’adonne à des jeux en réseau alors que ses parents croient qu’il dort ! Les parents n’accepteraient pas de prendre un abonnement pour que leur adolescent aille toutes les nuits à la fête foraine, alors pourquoi accepteraient-ils qu’il aille chaque soir sur World of Warcraft, parfois jusqu’à l’aube ? Cadrer, c’est enfin ne jamais permettre à un enfant âgé de moins de 12 ou 13 ans d’aller sur des jeux en réseau – qui ont un fort pouvoir addictif – et leur préférer avant cet âge les jeux off line. D’autant plus que certains d’entre eux sont de merveilleux livres d’images qui invitent le joueur à vivre des récits initiatiques par écrans interposés

Pourtant, cadrer sans accompagner ne serait rien. Avec les jeux vidéo, les écrans prendront en effet une part de plus en plus importante dans les apprentissages, notamment sociaux, de nos enfants. C’est pourquoi il est essentiel d’accompagner ceux-ci dans la découverte progressive qu’ils en font, tout comme on le fait avec les livres, la télévision et le cinéma. Cela ne signifie pas qu’il faille nécessairement jouer avec eux. Quand vous emmeniez votre bambin au square, vous ne montiez pas forcément sur la balançoire avec lui. Alors pourquoi vous sentiriez vous obligés de rivaliser avec lui à ses jeux vidéo préférés ? Ceux qui en ont envie auraient tort de s’en empêcher, bien sûr, mais regarder l’enfant jouer, s’intéresser à ce qu’il fait et lui demander de nous l’expliquer, c’est déjà beaucoup.