Un externat médico éducatif de la banlieue ouest de Paris a eu l’idée de proposer aux jeunes de l’établissement d’écrire des textes et de les chanter à l’occasion de la fête de fin d’année. Le jour venu, le représentant du Maire fut invité comme à l’accoutumée. Les textes des diverses chansons écrites par les enfants lui furent remis, tout comme aux parents, afin qu’ils puissent en suivre les paroles. Il y en avait un intitulé « Le pouvoir des fleurs », mais aussi, du fait des élections présidentielles, un autre au titre moins attendu, « Les élections ». Les enfants de cette banlieue, nombreux à vivre dans des familles immigrées pauvres, y avaient évoqué la violence et la paix, mais aussi « la médecine à deux vitesses », « la difficulté d’avoir un toit » et « les lois qui ne changent pas, malgré l’énergie qu’on déploie ». En découvrant ce texte, le représentant du Maire alla immédiatement voir le directeur de l’établissement pour exprimer son désaccord. Il était convaincu que seuls les éducateurs avaient pu rédiger un tel texte et qu’il était une machine de guerre tournée contre l’équipe municipale. Il fallut lui expliquer que cette chanson écrite par les jeunes reflétait seulement leur état d’esprit au moment des élections présidentielles, et qu’elle ne concernait absolument pas les élections à venir. Sa réaction fut alors la suivante : « Bon, alors, nous n’allons pas l’interdire… ».
La morale de cette histoire est que certaines histoires se passent de toute morale…