Jacques Van Rillaer s’entretient avec Xavier Ducarme pour La Libre (15-09-2005)

 

Professeur de psychologie à l’UCL et farouche opposant aux disciples de Freud et de Lacan, Jacques Van Rillaerl est le coauteur du «Livre noir de la psychanalyse» paru il y a quelques jours. Un livre qui a relancé la «guerre des psy», laquelle oppose les tenants de la psychanalyse, discipline centenaire basée sur la théorie freudienne de l’inconscient et les partisans des thérapies comportementales et cognitives (TCC), qui s’appuient sur la psychologie scientifique contemporaine.

Ce livre est une attaque en règle des psychanalystes. Qu’est-ce qui vous a poussé à une telle virulence?

 

Mon opposition à la psychanalyse n’est pas neuve. Je l’ai déjà manifestée de nombreuses fois. Mais, c’est vrai, depuis une quinzaine d’années, j’avais préféré mettre cette polémique en sommeil et me consacrer entièrement à d’autres travaux. Ce qui m’a brutalement sorti de mes gonds, c’est qu’à la suite de la publication d’un rapport de l’Inserm (2004), qui concluait à la très faible efficacité de la psychanalyse par rapport aux thérapies comportementales et cognitives, des disciples de Lacan ont tenu publiquement des propos insultants, traitant les méthodes des comportementalistes de «cruelles», parlant de «techniques de domination mises en oeuvre par les dictatures ou les sectes et qui traitent les patients comme des rats de laboratoires».

 

Que reprochez-vous à la psychanalyse?
Il s’agit d’un système dogmatique qui n’évolue pas. La majorité des psychanalystes croient en leur père fondateur, Freud, voire Freud et Lacan. Et ceux qui font des objections sont des personnes perturbées. Freud a traité tous ses disciples dissidents de refoulés ou de malades.

 

Vous ne croyez pas à l’efficacité de la psychanalyse?
Lorsque le patient n’a pas de gros problèmes, la psychanalyse peut être une réponse. En recevant de la chaleur et de l’écoute, ce que l’on appelle en psychothérapie des facteurs thérapeutiques non spécifiques, le patient se sent déculpabilisé, valorisé et dans l’ensemble il va mieux. Mais si les problèmes sont très sérieux, s’il souffre, par exemple, de troubles obsessionnels compulsifs importants, l’écoute est insuffisante. Elle lui remonte sans doute un peu le moral, mais ne le soigne pas. Il faut alors d’autres méthodes, plus actives. C’est particulièrement criant en ce qui concerne le traitement de l’autisme. Là, la psychanalyse se contente de culpabiliser la mère alors que l’on sait aujourd’hui que cette maladie est souvent surtout une question de chromosomes. On ne se rend pas compte de l’ampleur de la catastrophe que cela représente chez une maman d’être ainsi accusée d’être à l’origine du drame familial qu’elle vit.

 

Les psy seraient donc des escrocs?
Je veux bien croire que certains psychanalystes croient que ce qu’ils font est la meilleure méthode. Beaucoup sont sans doute en règle avec leur conscience et font ce qu’ils peuvent. Mais il faut reconnaître que la pratique de la psychanalyse est quelque chose de facile. Freud et Lacan l’ont eux-mêmes reconnu. Il suffit d’acheter un divan et un fauteuil pour se déclarer psychothérapeute. C’est loin d’être le cas de tous, mais cela existe. Ce qui est certain, en revanche, c’est que Freud, nous a trompés. Tous les spécialistes de l’histoire qui ont eu accès à ses archives savent qu’il a menti de manière consciente et systématique et se vantait de guérisons qu’il savait inexistantes. Et le scandale, c’est que l’on continue aujourd’hui à faire comme si de rien n’était. Que Freud préfér ait gagner sa vie en racontant des bobards, passe encore, mais que l’on persiste à le croire aujourd’hui, c’est inacceptable.

 

Et il est grand temps que le grand public le sache.