Méfiance ! Une politique qui nous tient… à l’œil.

Ce qui percute « la santé mentale » telle que l’orientent les politiques de plus en plus restrictives et répressives vis-à-vis de la psychanalyse, c’est l’inadéquation du sujet de l’inconscient à l’ uniforme de « bien être » et de « bonheur » qu’ une direction sociale dominée par le discours du capitalisme et de la techno-science est prête à lui tailler sur mesure.

« La santé mentale » pourrait bien être ainsi la dernière invention conceptuelle pour cadenasser ce qui relève de l’impossible : déployer un contrôle légal sur l’existence.

Or, le sujet de l’inconscient, ne marche à l’aune ni de cette mise au pas ni de l’impossibilité de ce rêve. Pour preuve, cette résistance « maladive » du sujet : la dépression, les décompensations boulimiques, anorexiques, les crises d’angoisse, certaines délinquances …Ces formes sont autant de manières pour le sujet 1)de signaler aussi une résistance au flot du temps et de l’espace de notre époque, 2) de se mettre en « grève », parfois violente, d’un ordre social dont les voix de commandement ne pourraient plus s’appliquer à lui, 3) d’inter-peller l’issue de la castration dans un monde qui la méconnaîtrait, la dénierait par ailleurs, sauf au moment ultime de sévir.

Au grand dam de cette inadaptabilité pour la société, que signifierait une santé mentale légalisée dans laquelle se retrouverait enfermée la psychanalyse, pour préconiser et promouvoir cette nouvelle adaptation du sujet ? Que signifierait surtout pour la psychanalyse de s’y trouver ? Ni serait-elle pas plutôt perdue ?

Quel est le vrai nom de la psychanalyse ?

Il n’est ni dans cette restriction au carcan de la santé mentale et son corollaire « thérapeutique », ni dans la religion, ni dans aucune catégorie qui se définirait sans être de l’inconscient, sans être de la castration.

La psychanalyse, il lui faut « au moins » ; c’est-à-dire ce lieu d’existence, dans la persistance de ce qui peut la maintenir, le levier épistémologique de l’exception qui signifie soustraction à la jouissance, qu’elle soit du corps, de savoir, de voir.

Elle ne peut se rendre complice d’une entreprise de tout contrôler, de cette politique, qui elle nous tient… à l’œil.

28 octobre 2006