Après 60 ans, à quoi bon entreprendre une psychanalyse?
Freud, en 1904, avait déconseillé d’entreprendre une psychanalyse avec des personnes de plus de 50 ans. Il estimait que la diminution de leur plasticité psychique et l’accumulation de leurs souvenirs ne le leur permettaient pas. Pourtant, en psychanalyse, la liberté de jouer avec tous les fantasmes sans les agir, permet d’espérer acquérir une meilleure plasticité psychique.
À quoi sert une psychanalyse quand on hérite de familles massacrées et de pays disparus ?
On pourrait répondre : « à rien »,
si on pense qu’après une analyse on ressent moins cette douleur déchirante de voir les derniers survivants nous quitter, emportant avec eux aussi bien les souvenirs de leur enfance passée dans un ailleurs qu’on ne connaîtra jamais, que les événements insoutenables qu’ils ont traversés et qui nous laissent à jamais privilégiés et coupables d’en avoir été épargnés ;
Pour les parents qui ont perdu un enfant dans un contexte violent, la psychanalyse a-t-elle un sens ?
Survivre à un enfant, pour des parents, parait impensable. Surtout si la mort de l’enfant est œuvre humaine et, qu’à ce titre, elle devrait être évitable.
Mon psychanalyste veut-il mon bien ?
J’ai rencontré la question sous des formulations diverses au cours de séances de psychanalyses. Avec pertinence. Les analysants ont bien des motifs de se poser cette question. Au mot bien est attaché des connotations différentes : le bien-être, l’argent, l’amour, … L’analyste me veut-il quelque chose, que me veut-il, veut-il mon argent, veut-il mon amour, me veut-il sexuellement, veut-il mon bien-être et pourquoi alors ? Entre autres. Ces questions concernent le désir et la jouissance de l’autre.
Les psychanalystes peuvent-ils, en tant qu’analystes, dire quelque chose du politique?
Dans Vienne fin de siècle, Carl Schorske écrit : « Freud ne prête aucune attention au fait qu’Œdipe était roi. Pour lui […] la quête d’Œdipe était morale et intellectuelle : échapper à son destin et parvenir à la connaissance de soi. Il n’en allait pas de même pour les Grecs. L’Œdipe roi de Sophocle ne peut se comprendre que comme une res publica (chose publique) dont le héros royal est poussé par un impératif politique : écarter la peste de Thèbes. […] En réduisant la politique à des catégories psychologiques personnelles, Freud rétablit l’ordre, au niveau personnel, mais il ne rétablit pas l’ordre public. »
Pourquoi le psychanalyste ne donne pas de conseils?
Quand quelque chose ne va pas, les conseils manquent rarement autour de soi, allant des sempiternels « il n’y a qu’à… » aux conseils les plus avisés… Comme « éclaireur » du fonctionnement psychique, le psychanalyste peut-il conseiller son patient ?
Celui qui va chez un psychanalyste, c’est un patient, un analysé, un analysant ?
Question qui n’est pas sans importance, si l’on considère que les mots font la réalité, donnent forme et existence aux choses !
Le mot patient signifie en latin « celui qui pâtit, celui qui souffre », et s’inscrit dans le registre médical. On est dans le soin, et le médecin va donc soulager son patient des maux qui le font souffrir. Nous sommes dans un discours médical, le médecin est l’agent du soin et le patient l’objet des dits-soins. Les fameuses plaintes des médecins sur la non-compliance des patients illustrent suffisamment cette relation où l’un est l’objet (de soin, certes, mais objet quand même) de l’autre.
Finalement, l’inconscient c’est quoi?
La psychanalyse fait-elle perdre la foi religieuse ?
C’était une des questions que je me posais lorsqu’à vingt ans, je décidai d’entreprendre une première psychanalyse. D’éducation chrétienne, j’étais déjà passionné par l’humain et ce qui se vit en lui aux profondeurs. J’avais donc entrepris simultanément des études de psychologie et de théologie (toutes deux menées à terme) et, très attaché à ma foi religieuse, j’avais posé cette question à un psychanalyste renommé qui se déclarait athée. En bon psychanalyste honnête et respectueux d’autrui, il me répondit que dans le domaine religieux comme dans les autres, ce qui se mêlait à ma névrose personnelle serait analysé comme tel et susceptible de profonde évolution, tandis que ce qui relevait du champ de la conscience mûrirait au fil de l’analyse, y compris dans le domaine spirituel.
Les psychanalystes sont-ils pour ou contre le mariage des homosexuels ?
On avait deviné chez les romantiques, mais on sait, depuis Freud, qu’il existe, en-deçà de la conscience, une activité mentale extrêmement vive et déconcertante. Dans ce monde étrange de l’inconscient, se trouve toute l’épaisseur de la substance humaine.
Quel intérêt peut-on accorder aux rêves ?
La psychanalyse se soucie-t-elle de la guérison ?
(Paul Valéry)