Certains pédagogues, et quelques commerciaux avides de s’ouvrir de nouveaux marchés, proposent de mettre l’enfant de plus en plus tôt sur les outils informatiques. On a vu même vu des pédiatres vanter les mérites de la console de jeu pour les bébés ! Mus par la même idéologie, des enseignants des maternelles rêvent de mettre les bambins devant des ordinateurs ! Tous ces adultes pressés d’initier les jeunes enfants à l’outil informatique devrait réfléchir à la leçon d’Adobe* . Installer sur un ordinateur un enfant qui n’a pas encore exploré toutes les capacités merveilleuses de sa main risque bien de l’en priver définitivement. Il deviendra l’un de ces « handicapés » dont nous parle l’expérience d’Adobe, voire un handicapé plus gravement mutilé encore puisqu’il ne s’agira pas d’un adulte qui aura fini par oublier les richesses de sa main, mais d’un enfant qui ne les aura jamais découvertes.

La leçon de tout cela ? C’est qu’il est non seulement inutile d’introduire un enfant trop tôt aux technologies informatiques, mais même dangereux. D’autant plus inutile qu’un enfant qui les découvre à six ou sept ans a vite fait de les assimiler, et d’autant plus dangereux que celui qui y est initié trop tôt risque de se détourner du dessin, du découpage et du modelage qui sont autant d’école des pouvoirs de la main. On sait la lutte que j’ai menée contre la télévision avant trois ans. Les technologies informatiques me semblent justifier la même prudence. C’est pourquoi après « Pas de télé avant 3 ans ! », je suis tenté de dire : « Pas de console de jeu avant six ans ! Pas d’Internet avant 9 ans ! ». Cela signifie t il que la télévision et son flux publicitaire soit sans conséquences au-delà de trois ans ? Non, bien sûr. La vigilance doit rester forte pour cadrer le temps passé devant la télévision, puis devant les jeux vidéo, et enfin devant Internet. Mais c’est bien parce que je juge de la plus haute importance les acquisitions rendues possibles par ces divers média qu’il me semble important de ne pas les introduire trop tôt : afin que leur adoption et leur usage aient pu être préparées par les apprentissages précédents.

 

* Voir mon billet de la semaine dernière : « Créez avec vos mains, et pas d’un clic ! »