Les gens arrivent chez moi avec des demandes d’aide qui se formulent souvent dans des termes : « je suis mal dans ma peau », « je me sens limité dans mes possibilités », «je n’arrive pas à m’affirmer »,

« je suis triste alors que j’ai tout pour être heureux », « je n’ai pas confiance en moi », « je n’arrive pas à trouver un partenaire qui me convient » etc.  D’une manière générale, mes consultants souffrent de peurs irrationnelles ou de doutes obsédants ou elles vivent en permanence un sentiment d’infériorité, de culpabilité, un défaut d’intimité avec leurs proches ou la répétition de relations vouées à l’échec.  Mais les raisons qui peuvent amener quelqu’un à demander de l’aide peuvent être moins liées à des symptômes : il peut s’agir d’un sentiment d’inaccomplissement ou à l’occasion d’une épreuve de la vie ( un deuil, une crise conjugale, une rupture), de l’exigence de s’interroger sur le parcours d’une vie, d’élucider une histoire restée obscure. Bon nombre de patients s’adresse à un (une) psychanalyste après l’échec partiel ou total, d’un autre traitement ou quand le mal-être réapparaît après avoir suivi un traitement médicamenteux par exemple.
Ceci peut être le tableau général du départ de tout psy. qui travaille  Je ne propose pas à chaque personne qui me consulte une psychanalyse!
Sans entrer ici dans des considérations matérielles, de structures psychiques,  je pense qu’avant de proposer une psychanalyse à quelqu’un qui me consulte, j’essaie d’évaluer le désir de se connaître, la curiosité à l’égard de sa vie psychique. Je tente quelques liens pour voir si le patient « prend »  Les personnes à qui je propose une psychanalyse sont celles qui perçoivent comme relevant d’une cause interne, subjective, plus ou moins énigmatique, leurs angoisses, leurs inhibitions, les conflits qui pèsent sur leur vie privée et /ou professionnelle.   Je propose une psychanalyse à chaque fois que je sens une possibilité d’un travail de transformation de la relation que le future analysant a avec lui-même.  Mais ma proposition de faire une psychanalyse repose aussi sur des considérations moins rationnelles, des facteurs qui me paraissent difficiles à codifier entrant plutôt dans un registre de « l’éprouvé » .  comment je sens cette personne, comment je me sens avec cette personne, cette aire affective remplie d’impressions où les deux inconscients se rencontrent et décident que cette relation vaut la peine d’être tentée !

Genève, le 11 décembre 2005