Ricardo Gutierrez | Le Soir | 24-09-2005
 
Mise en accusation, la psychanalyse voit son efficacité démontrée

 

Toutes efficaces, mais pas pour n’importe quel trouble : c’est l’enseignement principal du rapport du CSH sur les psychothérapies… L’expertise circonscrit l’intérêt spécifique de chaque méthode. Une analyse des spécificités thérapeutiques inédite, à ce jour, en Belgique.

 

1 Psychanalyse. La cure psychanalytique classique est une méthode de résolution des conflits qui se déroulent dans notre inconscient et qui génèrent les symptômes de divers problèmes psychiques. Elle passe par la " confession " du patient sur un divan et l’écoute d’un psychanalyste qu’il ne voit pas. Le patient doit dire tout ce qui lui passe par la tête à l’analysant et ne pas bousculer ses comportements habituels en cours d’analyse. Il s’agit d’investiguer la vie psychique consciente et inconsciente, afin d’en résoudre les conflits.

 

Indiquées, depuis longtemps, pour les cas de névrose, les psychothérapies psychanalytiques ont très nettement montré leur efficacité dans le traitement des troubles de la personnalité (paranoïa, personnalité obsessionnelle et compulsive, caractère antisocial, borderline…). Associées à un traitement pharmacologique (antidépresseurs), les psychothérapies psychanalytiques ont aussi un effet bénéfique significatif sur les dépressions- majeures. En revanche, le rapport du CSH n’évoque qu’une présomption d’efficacité pour les troubles paniques et pour l’état de stress post-traumatique.

 

Les experts constatent, par ailleurs, que ces psychothérapies de longue durée contribuent a diminuer les dépenses de soins de santé dans d’autres disciplines médicales. Elles diminuent le nombre de jours chômés et de jours d’hospitalisation du patient. Et améliorent ses capacités productives.

 

2 Psychothérapies comportementale et cognitive (TCC). De plus en plus pratiquées par les psychiatres et les psychologues cliniciens, les TCC visent à modifier la façon de penser ou les réactions émotionnelles du patient, en suivant le principe de la pédagogie, des lois de l’apprentissage. L’objectif premier est de changer l’attitude du patient par rapport à son problème psychique, modifier le comportement qui gâche sa vie.

 

Chez l’adulte, les TCC sont efficaces pour traiter les troubles anxieux (panique, agoraphobie, phobies…). Face au stress post traumatique, les TCC sont plus efficaces que les médicaments. Face aux troubles obsessionnels compulsifs, les TCC ont un effet comparable aux antidépresseurs.

 

En matière de dépression moyenne ou légère, les TCC sont aussi efficaces que les antidépresseurs, mais préviennent davantage les rechutes.

 

Pas d’efficacité démontrée, en revanche, pour la schizophrénie aiguë ou l’anorexie mentale.

 

Chez l’enfant et l’adolescent, des preuves d’efficacité existent pour le traitement des peurs et des phobies, notamment la phobie scolaire. Le rapport n’évoque, en revanche, qu’une présomption d’efficacité pour le trouble obsessionnel compulsif et la dépression. Constat de bonne efficacité, enfin, pour l’autisme et l’hyperactivité.

 

3 Psychothérapies systémiques et familiales. Certains troubles psychiatriques ou difficultés psychologiques ne peuvent être traités efficacement en s’adressant exclusivement à la personne qui en souffre. De tels troubles retentissent sur l’entourage familial, qui a souvent un rôle déterminant dans l’essor même du trouble à traiter. Il s’agit alors de prendre en charge tous les membres de la famille. Cette dernière est parfois considérée comme un "système " dont il faut rétablir l’équilibre (approche systémique).

 

Ces psychothérapies présentent un intérêt significatif pour les schizophrénies, l’anorexie, les troubles de l’humeur (dépression, maniaco-dépression, burnout), l’alcoolodépendance, l’autisme infantile, l’hyperactivité, les troubles des conduites (difficulté à se plier à des règlements et à se comporter " convenablement " en société), et les troubles anxieux chez l’enfant.

 

L’approche systémique, largement dominante dans le contexte clinique, donne des résultats significatifs, surtout pour l’anorexie, le trouble bipolaire (épisodes maniaques accompagnés d’épisodes dépressifs) et la dépression majeure.

 

4 Psychothérapies expérientielles centrées sur le client. Il s’agit de l’ensemble des techniques centrées sur la personne, la gestalt-thérapie, la thérapie existentielle ou interpersonnelle, le psychodrame… Elles sont toutes basées sur le fonctionnement général du patient, plutôt que sur les symptômes qui l’amènent. Le patient est au centre de la thérapie. Par son investissement personnel, son empathie et de multiples interventions, le thérapeute est là pour aider le patient à prendre conscience de son vécu et réorganiser sa vie.

 

Les résultats de ces thérapies s’avèrent clairement positifs pour la dépression et le stress post traumatique. Le rapport du CSH avance leur efficacité et leur utilité clinique pour un large éventail de problématiques, certaines lourdement handicapantes, d’autres plus légères.