Je me rallie en partie à la critique argumentative que développe D.KAMINSKI et aux  contradictions qu’il soulève, mettant le doigt  sur la faiblesse et les manquements de la position des signataires du « Laisser les mains libres à la psychanalyse » dans le texte que je vous invite à lire sur Squiggle « L’exception de la psychanalyse se dissout-elle dans sa confusion ou dans sa surdité ? »

D.KAMINSKI met bien en évidence la confusion entre place et statut, spécificité et exception. Relevant au passage comment cette confusion induit « l’occupation pleine » et prête le flanc à la remise en place caricaturale de la statufication de l’imagerie du Père-Savoir.

Même si aujourd’hui, la psychanalyse occupe une place spécifique, demander que l’exception qui est une place structurale, dans le symbolique, soit reconnue par la loi, ne mène à rien moins qu’à boucher le trou de l’existence sociale.

Demander qu’on reconnaisse légalement l’exception et que cette exception soit  reconnue à la psychanalyse, n’est-ce pas du calibre d’une main-mise institutionnelle, d’une dénonciation du statut structural du vide dans l’organisation de l’Etat ?

Nous n’avons rien à demander à la loi, nous devons lui fournir les arguments qui lui permettent de comprendre l’utilité déontologique, éthique, à maintenir en tant que pôle organisateur du social, des zones d’incertitude, de non-législation, des territoires de « liberté », aptes à laisser de la place à l’émergence de ce qui peut et pourra donner du dépassement à sa structure provisoire,  son état actuel.

Une institution ne peut vivre que par ce qui peut la traverser en la construisant de l’intérieur. Le terme de perlaboration (élaboration inconscient) me semble adéquat pour rendre compte de cette vision de ce qui travaille l’institution avec de l’inconscient et qui la fait échapper à une dimension programmatique, mécanique, cognitiviste. Cela nous renvoie à l’institutionnalité (P Legendre) qui  voit l’institution dans sa dimension de transmission généalogique, et à Lacan, pour lequel nous sommes en tant que parlêtres, soumis à la loi du signifiant et mis au jeu des signifiants. L’état, je pense a cette identité d’institution.

Nous revoilà à devoir faire face à la radicalité des principes qui ne font souvent pas bonne presse devant l’argumentation dite réaliste.

J’en reviens à ma position de janvier 06 : ne mangeons pas nos principes !

« Le tiers, dans sa logique n’est défendable que de ne pas être inféodé…

Si la loi veut contraindre les psychanalystes et la psychanalyse à cet espace (ce qu’on ne sait pas vraiment)… ce qui en terme de garantie ou de crédit à donner vis- à- vis de l’incertitude et du vide rentre dans l’aspect d’un simulacre, c’est par d’autres moyens, par d’autres engagements, et par un désir d’une autre « foi », que l’exception psychanalytique pourra, je pense, inscrire son nom. » (Courrier du 16 janvier)

Le 5 décembre 2006.